le  site  sur  le  football  africain

«Actualité» «CAN 2004» «Réaction» «Dossiers» « Archives » «Contact»

La fin d’une euphorie sans raison

Par Cheikh Mbacké SENE


Photo : AFP

Redescendre sur terre pour travailler pour la relève et regarder l’avenir avec plus d’ambition. C’est tout ce que je peux conseiller aux gestionnaires du football sénégalais et aux « Lions » du Sénégal. Les « Lions » se sont enflammés en deux ans mais qu’ont-ils gagné ? Rien, rien du tout, nada ! ! ! ! !

Alors pourquoi s’enflammer ? Qu’est que les gestionnaires du football véritablement fait pour maintenir le cap et rester dans la bonne dynamique ? Il vaut mieux se mordre les doigts quand les autres ne sont pas responsables de nos malheurs. Après le match du Burkina Faso face au

Sénégal, je fus étonné de voir les «Etalons » s’affaisser et les « Lions » passer.

Vaincus samedi dernier par une Tunisie plus réaliste et plus organisée en quart de finale de la CAN, les « Lions de la Téranga et le Sénégal entier ont payé cash les erreurs de quelques hommes. A la sélection de 2001-2002, il ne restait plus que les noms. Le talent qui était suspendu aux plateaux les plus huppés du football continental et mondial est resté à l’endroit justifié par un orgueil et un statut de favori illusoire. Puis il y a eu des aléas comme la contre-performances de la plus part des « héros » de 2002 (comme aiment les appeler encore les jeunes sénégalaises qui pensent que football c’est les tresses, les rastas, les cheveux teintés, les muscles, les la belle gueule, le feeling ou encore le fric ». beaucoup ne jouaient plus régulièrement en club.

Et c n’était pas les moindres mais les éléments clefs comme Diouf (rival du chouchou anglais Michael Owen à Liverpool), Salif Diao et Pape Bouba qui se blessent assez souvent. Déjà orphelin de leur meneur de jeu, Khalilou Fadiga (l’un des meilleurs meneurs de jeu du continent) les « Lions » se sont demandés sans doute qui pourrait le remplacer. Et bien personne. Le Sénégal de 2002, c’est Diouf. S’il n’est pas à 100% de ses moyens, le collectif doit jouer. Et à cette CAN le jeu collectif des lions est à noter 5/10. La composition de l’équipe de cette CAN avait conduit à une équipe pas assez taillée pour porter sur les épaules ses habits de favori, pas assez taillée à la hauteur de ses adversaires. Dès son entrée en lice, le Sénégal s’est laissé engouffrer dans une élimination passive qui est venue se conclure par un affrontement avec le pays hôte oubliant que là les chances des « visiteurs » n’est jamais à 50%. On peut tenter de bannir le complexe et de penser par orgueil qu’on joue à 50-50% mais l’histoire a prouvé que cette équipe du Sénégal n’était point en mesure de réussir cette prouesse.

Je refuse de croire à l’erreur d’arbitrage bien qu’évidente. L’élimination prématurée aurait pu être évitée par simples mathématiques. Il aurait été préférable d’affronter la Tunisie plus tard qu’à ce niveau de la compétition. Une élimination en étape supérieure aux 1/4 de finales aurait fait moins mal.  Mais le Sénégal a beau gagné en expérience et détenir des joueurs talentueux, mais ce savoir mathématique compétitif lui fait encore défaut. En 2000, une erreur d’arbitre (encore) en match de poule contre l’Egypte (0-1) contraint le Sénégal à affronter en 1/4 de finale le Nigeria au National Stadium de Surulere où le «Super Eagles» n’avaient perdu le moindre match depuis 1980. En 2002 le même scénario aurait pu se produire avec le Mali. Bruno Metsu qui a remporté ses deux premiers matches de poule face respectivement l’Egypte et la Zambie (1-0), avait classé en 3e sortie l’équipe réserve face à la Tunisie. Une rencontre qui s’était soldée par un score nul et vierge. Et pourtant la Tunisie aurait pu changer les données si elle n’avait pas gracieusement raté un penalty au cours du match. Une défaite aurait relégué le Sénégal à la 2e place de la poule C, synonyme d’une croix de fer avec le Mali (1e de la poule A devant respectivement le Nigeria, le Liberia et l’Algérie).

« Que chacun assume ses responsabilités »

Aussi faudrait-il reconnaïtre qu’il n’y a pas eu de stage de  préparation extérieur pour les « Lions », mais juste une semaine passé ensemble à Dakar. L’honnêteté doit conduire à reconnaître qu’en plus de cela il y a eu chamboulement de la sélection (40% de l’effectif soit 8 nouvelles têtes). Ce qui devait motiver davantage à aller vers un véritable camp d’entraînement préparatoire. Et le principal et premier responsable demeure le sélectionneur Guy Stephan qui visiblement est loin de faire le poids face Bruno Metsu sur les plans tactique et psychologique. Facile de se précipiter pour tout mettre dans le dos de l’arbitre. «C’est clair, il y a une énorme faute sur El Hadji Diouf. Les joueurs s’arrêtent pendant deux ou trois secondes et puis il y a le but après». L’action à l’origine du but marqué par le Tunisien Mnari serait donc entachée d’une faute souligne Guy Stephan. Une excuse pour la plupart des observateurs car les images de la retransmission télévisée ne permettent pas de se faire une idée précise dans le brouillard qui s’était abattu sur le stade, contrairement aux assertions de certains Sénégalais. La commission de discipline de la Confédération africaine de football annonce qu’elle va visionner ces images dans les jours qui viennent «afin de déterminer le degré d’implication de chacun». Aussi comment peut-on s’en prendre à un arbitre « connu » des sénégalais puisqu’il a dirigé la rencontre d’ouverture du mondial 2002, France –Sénégal (1-0) ? L’arbitre de la rencontre, l’Emirati Ali Bujsaim, s’est d’ailleurs défendu sur AFP : «j’ai pris ma décision en toute conscience. Je suis sûr de ma décision. Il n’y avait pas faute. Je pense qu’il a simulé. Et puis il y a eu plusieurs passes avant le but». C’est un homme expérimenté. C’est pourquoi cette raison que je suis fier du quotidien Sénégalais qui a titré « La honte » au regard de cette équipe qui part en fumée derrière l’orgueil. Et si on ne prend pas le taureau par les cornes, c’est le retour aux vieux jours, aux errements des années 80 et 90 avec des contre-performances répétées. Seule la vérité blesse. A bon entendeur....   

© Africa-Foot.com