La
fin d’une euphorie sans raison
Par Cheikh Mbacké SENE
Photo : AFP |
Redescendre sur terre pour travailler pour la
relève et regarder l’avenir avec plus d’ambition. C’est tout ce
que je peux conseiller aux gestionnaires du football sénégalais
et aux « Lions » du Sénégal. Les « Lions » se sont enflammés en
deux ans mais qu’ont-ils gagné ? Rien, rien du tout, nada ! ! ! ! !
Alors pourquoi s’enflammer ? Qu’est que les gestionnaires du
football véritablement fait pour maintenir le cap et rester dans
la bonne dynamique ? Il vaut mieux se mordre les doigts quand
les autres ne sont pas responsables de nos malheurs. Après le
match du Burkina Faso face au |
Sénégal,
je fus étonné de voir les «Etalons » s’affaisser et les « Lions »
passer.
Vaincus
samedi dernier par une Tunisie plus réaliste et plus organisée en
quart de finale de la CAN, les « Lions de la Téranga et le Sénégal
entier ont payé cash les erreurs de quelques hommes. A la sélection
de 2001-2002, il ne restait plus que les noms. Le talent qui était
suspendu aux plateaux les plus huppés du football continental et
mondial est resté à l’endroit justifié par un orgueil et un statut
de favori illusoire. Puis il y a eu des aléas comme la
contre-performances de la plus part des « héros » de 2002 (comme
aiment les appeler encore les jeunes sénégalaises qui pensent que
football c’est les tresses, les rastas, les cheveux teintés, les
muscles, les la belle gueule, le feeling ou encore le fric ».
beaucoup ne jouaient plus régulièrement en club.
Et c n’était pas
les moindres mais les éléments clefs comme Diouf (rival du chouchou
anglais Michael Owen à Liverpool), Salif Diao et Pape Bouba qui se
blessent assez souvent. Déjà orphelin de leur meneur de jeu,
Khalilou Fadiga (l’un des meilleurs meneurs de jeu du continent) les
« Lions » se sont demandés sans doute qui pourrait le remplacer. Et
bien personne. Le Sénégal de 2002, c’est Diouf. S’il n’est pas à
100% de ses moyens, le collectif doit jouer. Et à cette CAN le jeu
collectif des lions est à noter 5/10. La composition de l’équipe de
cette CAN avait conduit à une équipe pas assez taillée pour porter
sur les épaules ses habits de favori, pas assez taillée à la hauteur
de ses adversaires. Dès son entrée en lice, le Sénégal s’est laissé
engouffrer dans une élimination passive qui est venue se conclure
par un affrontement avec le pays hôte oubliant que là les chances
des « visiteurs » n’est jamais à 50%. On peut tenter de bannir le
complexe et de penser par orgueil qu’on joue à 50-50% mais
l’histoire a prouvé que cette équipe du Sénégal n’était point en
mesure de réussir cette prouesse.
Je refuse de croire à l’erreur
d’arbitrage bien qu’évidente. L’élimination prématurée aurait pu
être évitée par simples mathématiques. Il aurait été préférable
d’affronter la Tunisie plus tard qu’à ce niveau de la compétition.
Une élimination en étape supérieure aux 1/4 de finales aurait fait
moins mal. Mais le Sénégal a beau gagné en expérience et détenir
des joueurs talentueux, mais ce savoir mathématique compétitif lui
fait encore défaut. En 2000, une erreur d’arbitre (encore) en match
de poule contre l’Egypte (0-1) contraint le Sénégal à affronter en
1/4 de finale le Nigeria au National Stadium de Surulere où le
«Super Eagles» n’avaient perdu le moindre match depuis 1980. En 2002
le même scénario aurait pu se produire avec le Mali. Bruno Metsu qui
a remporté ses deux premiers matches de poule face respectivement
l’Egypte et la Zambie (1-0), avait classé en 3e sortie
l’équipe réserve face à la Tunisie. Une rencontre qui s’était soldée
par un score nul et vierge. Et pourtant la Tunisie aurait pu changer
les données si elle n’avait pas gracieusement raté un penalty au
cours du match. Une défaite aurait relégué le Sénégal à la 2e
place de la poule C, synonyme d’une croix de fer avec le Mali (1e
de la poule A devant respectivement le Nigeria, le Liberia et
l’Algérie).
« Que
chacun assume ses responsabilités »
Aussi
faudrait-il reconnaïtre qu’il n’y a pas eu de stage de préparation
extérieur pour les « Lions », mais juste une semaine passé ensemble
à Dakar. L’honnêteté doit conduire à reconnaître qu’en plus de cela
il y a eu chamboulement de la sélection (40% de l’effectif soit 8
nouvelles têtes). Ce qui devait motiver davantage à aller vers un
véritable camp d’entraînement préparatoire. Et le principal et
premier responsable demeure le sélectionneur Guy Stephan qui
visiblement est loin de faire le poids face Bruno Metsu sur les
plans tactique et psychologique. Facile de se précipiter pour tout
mettre dans le dos de l’arbitre. «C’est clair, il y a une énorme
faute sur El Hadji Diouf. Les joueurs s’arrêtent pendant deux ou
trois secondes et puis il y a le but après». L’action à
l’origine du but marqué par le Tunisien Mnari serait donc entachée
d’une faute souligne Guy Stephan. Une excuse pour la plupart des
observateurs car les images de la retransmission télévisée ne
permettent pas de se faire une idée précise dans le brouillard qui
s’était abattu sur le stade, contrairement aux assertions de
certains Sénégalais. La commission de discipline de la Confédération
africaine de football annonce qu’elle va visionner ces images dans
les jours qui viennent «afin de déterminer le degré d’implication
de chacun». Aussi comment peut-on s’en prendre à un arbitre
« connu » des sénégalais puisqu’il a dirigé la rencontre d’ouverture
du mondial 2002, France –Sénégal (1-0) ? L’arbitre de la rencontre,
l’Emirati Ali Bujsaim, s’est d’ailleurs défendu sur AFP : «j’ai
pris ma décision en toute conscience. Je suis sûr de ma décision. Il
n’y avait pas faute. Je pense qu’il a simulé. Et puis il y a eu
plusieurs passes avant le but». C’est un homme expérimenté.
C’est pourquoi cette raison que je suis fier du quotidien Sénégalais
qui a titré « La honte » au regard de cette équipe qui part en fumée
derrière l’orgueil. Et si on ne prend pas le taureau par les cornes,
c’est le retour aux vieux jours, aux errements des années 80 et 90
avec des contre-performances répétées. Seule la vérité blesse. A bon
entendeur....