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Au parloir...Hayatou : «L’Afrique doit franchir le mur…»

Le Camerounais Issa Hayatou, 57 ans, facilement réélu hier à la Présidence de la Confédération africaine du football lors de la 26e Assemblée générale de la Caf à Tunis, est le «prince» du football africain, un personnage emblématique du sport en Afrique. Sa réélection, qui lui permettra de célébrer en 2008 ses 20 ans de présence à la tête du football africain, confirme cette emprise sur le continent, deux ans après sa campagne malheureuse à la Présidence de la Fifa.

Hayatou, quelle est la priorité de votre cinquième mandat ?

Nous avons un mur devant nous, nous devons le franchir. Pourquoi une équipe africaine n’arrive-t-elle donc pas à passer les quarts de finale d’une Coupe du monde? Ce n’est pas le talent qui manque à nos joueurs. Mais nous sommes victimes de l’improvisation de la préparation de nos équipes. C’est lié au caractère individuel des joueurs. Dès qu’ils ont fait un bon match, ils se prennent pour des vedettes, vont danser, et oublient de se préparer pour le match suivant.

Quel pouvoir possède le président de la Caf face à cela ?

Aucun, évidemment. Le président de la Caf ne peut se substituer aux fédérations. Mais il peut les inciter et les aider à se développer, notamment avec la création d’académies.

L’avant-Can a été marquée une nouvelle fois par la pression des clubs européens, dont certains ont essayé de retarder le départ de leurs internationaux africains. Comment réagissez-vous ?

Nous, en Afrique, on organisait la Can en mars. Et puis les grands clubs européens nous ont demandé de la déplacer en janvier, pendant la trêve des championnats. Mais, avec la multiplication des compétitions, ils ne sont maintenant plus capables d’observer une trêve. Ils voudraient maintenant qu’on déplace à nouveau la Can. Mais la jouer en juillet, ce n’est pas possible ! Toute l’Afrique est plongée dans l’eau à cette période de l’année. Nous sommes quand même soumis à des aléas climatiques bien différents.

Le président de la Fifa Joseph Blatter a mis en garde les clubs anglais qui retenaient leurs internationaux. Approuvez-vous cette intervention ?

Nous l’avons remercié. Pour notre bonheur, ou notre malheur, beaucoup de nos internationaux évoluent dans des clubs européens. Mais c’est logique que les clubs européens se plient au calendrier harmonisé de la Fifa.

Pensez-vous qu’il serait possible de faire jouer la Can tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans?

Tous les deux ans, pour nous c’est vital. En Afrique, les gouvernements n’améliorent et ne construisent des stades que lorsqu’ils organisent la Can. Le Mali, par exemple, a construit cinq stades pour la Can 2002. Sans la Can, il ne l’aurait pas fait.

Votre challenger, le Botswanais Ismael Bhamjee, a notamment mis en avant la colère des petites nations qui, déjà éliminées des qualifications Can-Mondial-2006, ne vont pas jouer pendant des années. Que répondez-vous ?

Dans les précédentes formules de qualifications, beaucoup de fédérations déclaraient forfaits pour les derniers matches une fois qu’elles étaient éliminées. Pour y remédier, nous avons procédé à un tour préliminaire. Et tout le monde était d’accord au comité exécutif, y compris M. Bhamjee.

Dans l’optique du Mondial-2010, dont le pays organisateur sera désigné le 15 mai 2004, quel est le rôle de la Caf ?

Le rôle de la Caf est terminé ! Nous nous sommes battus à la Fifa pour obtenir la rotation des continents. Ce n’était pas facile. Mais maintenant nous n’avons pas à intervenir entre les candidats. C’est l’affaire du comité exécutif de la Fifa.

 Propos recueillis par Cédric ROUQUETTE (L’Equipe.fr)

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