CAN 2004
:
DEMI-FINALES
MAROC-MALI (4-0)
Le Maroc au panthéon du
football africain

Le
marocain HADJI
(Photo AFP) |
L'une des équipes
les moins attendues au plateau final de la 24e Coupe
d'Afrique des nations, le Maroc a réussi à empocher le ticket
pour la finale et de la meilleure manière qui soit. Ce lundi 11
février 2004 restera à jamais dans les anales du football
marocain et continental. Les "Lions de l'Atlas" vont disputer la
finale de la CAN pour la 2e fois de leur histoire en
étrillant une excellente formation du Mali (4-0).
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Les deux formations ont
pourtant réalisé un parcours exceptionnel balayant tout sur leur
passage. Mais lundi, lors de cette 2e demi-finales,
l'équipe marocaine a fait preuve d'une volonté et d'une supériorité
surprenante. L'attente a été longue, très longue pour que le Maroc
revienne au plus haut niveau. D'un parcours élégant les poulains de
Badou Zaki ont prouvé au fil des rencontres qu'ils pouvaient
prétendre aussi sérieusement qu’ils en ont l’air au titre. D'entrée
ils ont surpris le Nigeria (0-1), dominé nettement le Bénin (4-0),
éliminé l'Afrique du sud (1-1) au premier tour avant de sortir en
derby leur les "Fennecs " d'Algérie (3-1) au bout d'une splendide
rencontre marathon en quart de finale. Menés jusqu'à 10 minutes de
la fin, les "Lions" s'étaient gracieusement relancés grâce au jeune
Bordelais, Marouane Samakh, obligeant les Algériens à aller aux
prolongations. Ils sont usés de leurs "godasses" pour arriver au
panthéon de la compétition. Ils ont livré une demi-finale plus haute
de facture que les quarts de finales. Face à une formation malienne
aux parcours identique, très au point et capable de toutes
prouesses, les "Lions" ont déjoué tous pronostics d’un match fermé.
La suprématie marocaine a nettement conduit à une rencontre à sens
unique. L'homme de la soirée a été Youssef Mokhtari. Ses deux
frappes fougueuses et intelligemment dosées ont pulvérisé les
chances maliennes (coup franc 16e et tir cadré 58e).
Youssef Hadji a inscrit le troisième but à dix minutes de la fin de
la rencontre, alors que le remplaçant Nabil Baha a bouclé le
festival historique dans le temps additionnel. Mokhtari a été
l'homme du match, alors que le Mali attendait une cinquième
réalisation de son buteur maison, Frédéric Kanouté, incapable
mercredi de briser les filets marocains. Une belle victoire qui
pourvoie le Maroc en finale de CAN pour la 2e fois de son
histoire.
Mabrouk ! Mabrouk
Ezzaki!
Après son sacre remporté
en 1976, le Maroc avait eu du mal à redorer le blason. Plusieurs
générations ont défilé sans embellir les pages en compétitions
africaines. Parmi elles, l'on retiendra celle de 1986 et 1998 qui
avaient émerveillé le monde d'un talent sans conteste. Mais ce vieux
jour de gloire et les années d'errements ont été pleinement vécus
par un homme, un homme qui a vu le sacré de 1976 métamorphoser sa
vie d'adolescent et l'installer sur une autre dynamique, celle de
devenir footballeur. Puis l'homme en question l'a vécu en tant que
joueur (gardien de but) l'un des meilleurs de sa génération, le plus
grand gardien de but que le Maroc n'ait connu. Mais il n'abdiquera
point même avec les multiples errements de la sélection en CAN. Son
seul rêve : servir le football marocain et encore et encore et
encore. Ce qu'il n'a point pu réaliser en tant que jour, il rêve de
le réaliser en tant qu'entraîneur. L'homme en question s'appelle
Badou Zaki. Il ne fit pas à l'abri de critiques et même de menaces
de perdre son poste. Combien de fois la fédération royale marocaine
de football (FRMF) s'est laissé emportée par son manque de confiance
pour aller solliciter les services de Luis Fernandez ou Philippe
Troussier. Heureusement que Fernandez ait décliné l'offre et que Troussier
ne soit pas tombé d'accord sur les modalités du contrat proposé.
Sans doute la FRMF ignorait-elle que le « sorcier » n'est pas
seulement blanc mais peut venir du continent noir. Si elle doute
encore, elle n'a qu'à aller se rafraîchir la mémoire. Yéo Martial a
offert à sa Côte d'Ivoire natale la CAN de Sénégal 92, Jomo Somo à
son Afrique du Sud en 1996, sans oublier qu'Al Gohary octroyait sur
un plateau d'or la coupe à son Egypte en 1998 au Burkina Faso. La
liste des glorieux entraîneurs africains qui ont réussi cette même
prouesse est exhaustive. Aujourd'hui justice est faite pour Zaki.
Les performances argumentent à sa place. Et quelle que soit l'issue
de la finale de samedi, le contrat de celui que tous les marocains
appelle effectivement "Ezzaki" est rempli. Le technicien est connu
d'abord de son talent immense et indélébile, de son caractère mais
surtout de sa sobriété. La parfaite
maîtrise tactique et technique est le signe qui distingue les bonnes
équipes, et le Maroc de Badou Zaki en est une incontestablement.
L’ancien gardien international devenu sélectionneur a réussi à bâtir
un ensemble homogène et complémentaire. Mais dans la douleur. Mais
faudrait pas oubliait quand il suppliait : "Laissez moi le
temps et jugez après » ou quand il avançait « nous croyons à nos
chances même si nous sommes logés dans la poule de la mort».
Aujourd'hui le temps est-il vraiment entrain de faire de lui le
"Jacquet" du Maroc ? En attendant d’y répondre, reconnaissons le
travail remarquable qu’il a accompli.
Par Cheikh Mbacké SENE