Tunisie - Nigeria et Mali - Maroc pour quelle finale ?

Par Cheikh Mbacké SENE

Dans quelques heures, la Tunisie croisera le fer avec le Nigeria avant que le Mali ne tente de marcher dessus les Marocains. Deux belles affiches - c’est vrai - très inattendues pour le compte des demi-finales de cette 24^e Coupe d’Afrique des nations de football.  La rencontre Mali - Maroc se disputera dans la ville de Sousse alors que la Tunisie affrontera le Nigeria à Radès (Tunis), dans son nouveau stade qu’elle se veut de prédilection. Même si la Tunisie, le Nigeria ou le Mali ont affiché certes des moyens d’accéder à ce niveau de la compétition, force est de reconnaître que le Maroc est l’intrus qui a surpris le monde par sa montée en puissance.

La Tunisie : Le devoir d’arriver à bon port
	La Tunisie a joué deux fois une finale de CAN (1965 contre le Ghana et en 1996 contre l`Afrique du Sud). Y accédera-t-elle pour une 3e fois ? Même si sa victoire en quart de final contre le Sénégal est plus ou moins « entachée » d’incidents justifiés par une soi-disant erreur d’arbitrage, les « Aigles de Carthage » donnent une image conquérante et digne d’un pays organisateur. Face à un Nigeria aguerri, la confrontations entre « Aigles » sera très palpitant. Roger Lemerre, après avoir été sacré champion du monde (entraîneur adjoint), champion  d’Europe, vainqueur de la coupe de la confédération (entraîneur
titulaire) avec les « bleus », veut réussir le pari d’y ajouter le trophée africain. Mais arrivera-t-il en finale face un Nigeria qui en veut et peut gagner son ticket pour la finale. Beaucoup de salive et d’encre qui, sans doute, précèdent beaucoup de sueurs.
Le Nigeria pour redorer le blason
	Parmi les quatre demi-finalistes, seul le Nigeria a remporté le trophée continental. Il l’a réussi à deux reprises (1980 et 1994). Par contre les « Super Eagles » qui ont disputé le plus de finales (5 fois, en 1984, 1988, 1990, 1994 et 2000), ne sont pas prêts d’oublier leurs désillusions de 2000 (finaliste) et de 2002 (demi-finaliste). Il y a donc deux ans, le Nigeria conduit par le duo Amadu Shaibu et Stephan Keshi échouait en demi-finale face au Sénégal après une rencontre palpitante (1-2 après prolongation). Une défaite qu’il aura plus mal à digérer que sa finale manquée chez lui sur son stade de prédilection, le National Surulere Stadium. Les Nigérians ne voudront sans doute pas revivre le même cauchemar. Depuis 1994, la nation africaine qui détient le plus de footballeurs licenciés et de professionnels (proportionnellement à sa population, 110,8 millions d’habitants) court derrière son 3e sacre. Alors qu’il dominait le football africain, en milieu des années 90,
des incidents politiques avaient écarté la sélection de la CAN (boycott en Afrique du sud en 1996 pour des raisons d’insécurité après l’assassinat de l’écrivain nigérian, Ken Saro Viwa et 7 de ses compagnons). La Fédération nigériane de football (NFA) qui avait peur qu’on s’en prenne aux joueurs avait préféré le boycott alors qu’elle détenait le titre. L’équipe fut suspendue jusqu’en 2001 avant d’être gracié en 1999 puis désignée pour co-organiser (avec le Ghana) la 22e édition de l’épreuve. Autant de souffrances qui avaient fait perdre au Nigeria les repères qui mènent vers le sacre. Aujourd’hui il veut dompter le destin.
Le Mali : une bonne occasion d’y arriver
	Le Mali détient sans doute l’une des meilleures équipes du tournoi, mais aussi l’une des meilleures des restantes. Cet effectif fort de sa légion extérieure et d’un collectif assez déterminé est capable de rebondir à tout moment de la rencontre. Le sélectionneur Henri Stambouli a su inculqué à ses poulains un mental de conquérants. Puis il y a l’histoire pas conséquente mais motivante pour les « Aigles ».
Le Mali n’est arrivé qu’une fois à la finale (1972 face au Congo). Mais une finale qui laisse un goût inachevé car ce fut sa première participation. Puis il y a eu l’irrégularité avec de longues absences (entre 1972 et 1994 puis de 1994 à 2002). Mais chacun de ses retours fut triomphal. Pas de Mali en CAN, sans ticket pour le dernier carré, de belles performances dont il est le seul à détenir le secret.
Le Maroc : satisfecit quelque soit l’issue
	Le Maroc ne l’a brandi qu’une seule fois en 1976, ce trophée continental. Depuis l’équipe brille plus en éliminatoire de Coupe du monde en phase finale de CAN. Mais cette fois, Zaki et sa bande ont surpris plus d’un. L’équipe est jeune et très entreprenante, sobre et pleine de ressources. Le Maroc retrouve un effectif digne de marcher sur les pas des « aînés de 1998 » à défaut d’imiter les lointains héros de 1976.
Et pourquoi pas remporter cette CA N ? Seulement le Mali n’a jamais réussi au Maroc. Il y a quelques mois, les «Aigles » menés 0-1 par les « Lions  de l’Atlas» ont « broyé » les prédateurs des forêts chérifiennes tel un rouleau compresseur (3-1) à Rabat. Un retournement de situation spectaculaire signé par une équipe jeune, dynamique et tactiquement très disciplinée. Au regard des lignes d’attaque des deux formations, la rencontre de cette après midi sera celui des défenseurs et des gardiens qui ont du pain sur la planche.

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